mardi 19 février 2013

PEINTURE. TOM THOMSON.

Il est des hasards heureux. Fan du groupe canadien Siskiyou (voir les archives du blog), Le Zig! a bien sûr visité son site et a été marqué par une chanson superbe (Always Awake) qui accompagne une peinture tout aussi superbe signée Tom Thomson . Les recherches sur ce peintre que nous ne connaissions pas nous ont emmenés très loin. Merci Siskiyou!
Thomas Tom Thomson est né à Claremont (Ontario) le 5 août 1877. Très jeune il s'intéresse à la musique et à la peinture. Son oncle, l'un des plus grands naturalistes de cette époque l'emmène souvent avec lui recueillir des spécimens et lui enseigne les rudiments des sciences naturelles ainsi que l'observation et le respect de la nature. En 1903, Thomson n'ayant pas pu pour raisons de santé suivre l'école secondaire, part étudier à Seattle. Après diverses expériences professionnelles, il décide de s'y installer. Une déception amoureuse le ramène à Toronto où il décide de se consacrer à la peinture en amateur. Il travaille comme dessinateur-graveur. En 1906, il s'inscrit aux cours du soir de la Central Ontario School of Art and Design. En 1912, il rencontre les futurs membres du Groupe des Sept ainsi que le docteur James Mc Callum qui deviendra son mécène. Sa passion pour la nature l'amène à travailler comme garde forestier dans le parc protégé Algonquin. Il y trouve son inspiration et ses thèmes, faisant des croquis et peignant des études qu'il utilise pour les grands formats en atelier. Il expose pour la 1ère fois en 1913 et devient membre de l'Ontario Society of Artists, le Musée National des Beaux Arts du Canada ayant acquis l'une de ses toiles. Jusque là, l'establishment artistique était persuadé que les paysages nordiques, austères et sauvages, n'avaient aucun intérêt pictural. Il a dû déchanter et abandonner ses préjugés devant les tableaux de Thomson qui dira humblement: "Ma meilleure oeuvre ne rend pas justice à la beauté du lieu."
En à peine cinq ans, l'artiste se fera le chantre d'une nature qu'il aimait passionnément et qu'il fréquentait en ermite. Excellent dessinateur, il sait rendre l'architecture d'un arbre comme personne. Entre réalisme poétique et expressionnisme, sa peinture est incroyablement puissante et dynamique, donnant parfois une impression de mouvement hors du commun . Peu de peintres ont su saisir la vibration de la nature en tant que milieu naturel de l'homme.
Souvent associé au Groupe des Sept dont il fut l'inspirateur, il n'en a jamais fait partie.
Tom Thomson est mort en 1917 dans des conditions mystérieuses. On vit sa barque dériver sur le lac Canoe où il était parti pêcher seul et son corps fut retrouvé, flottant sur l'eau, une semaine après sa disparition.
Un artiste à découvrir ou à redécouvrir absolument.
Pour voir des peintures de Thomson:
www.bertc.com/subtwo/gallery_32.htm
http://www.arthistoryarchive.com/arthistory/canadian/Tom-Thomson.html
http://tomthomsonart.ca/
Emission radio:
http://archives.radio-canada.ca/arts_culture/arts_visuels/clips/5458/

vendredi 15 février 2013

MUSIQUE. Show me the steps. BILLY MARLOWE. ( New Tex Records).

On ne sait pas grand chose de Billy Marlowe, il faut dire que son parcours n'est pas commun. Né William Samuel Bork  en 1943 à Oklahoma City, il part au Canada pour échapper au service militaire. En 1983, l'ingénieur du son Steve Satterwhite qui vient  de mettre toutes ses économies dans un petit studio, lance une annonce pour commencer à l'utiliser. Il voit arriver Billy Marlowe, l'artiste a quarante ans et déjà un long vécu, il a voyagé de Toronto à San Francisco, de Louisville à Baton Rouge et de Bruxelles à Amsterdam, il a connu l'alcool, la drogue, la rue et la prison. Satterwhite est vite conquis par sa gentillesse, son charisme et surtout son talent . Il regroupe quelques musiciens, Doug Hinman (batterie), Shawn Colvin (voix), Stephen Gaboury (claviers), Jeff Golub (basse), Kenny Kosek (violon), Tony Garnier, John O'Hare... et enregistre Show me the steps. L'album est réussi mais la période est au disco et les majors ne laissent pas beaucoup de place aux labels indépendants. Sans moyens financiers, la seule possibilité est de sortir quelques disques et cassettes en espérant que quelqu'un s'intéressera à un poète songwriter inconnu. Ce ne sera pas le cas et l'aventure en restera là. Billy Marlowe retombera dans l'anonymat et continuera pendant quelques années à chanter ses chansons et à se battre avec la vie. Il mourra en 1996 à lâge de 53 ans. Peu avant sa mort, il avait dit à son fils : "J'ai écrit quelques bonnes chansons, je suis prêt à y aller."
Steve Satterwhite n'a jamais oublié Billy et a ressorti l'album... trente ans après son enregistrement. C'est un petit chef-d'oeuvre qu'il aurait été dramatique de ne pas pouvoir écouter. Les mélodies sont superbes et les textes sont portés par une voix aussi belle que touchante. Billy Marlowe est l'égal des grands de la musique folk américaine.
Sa soeur, parlant de lui dit qu'il  était d'un optimiste sans bornes en dépit de toute raison et qu'il riait des ironies de la vie même quand il en était la victime. Là où il est, si on peut encore rire, cette histoire doit l'amuser! Pour notre part, profitons de ces dix magnifiques chansons en espérant que, comme ce fut le cas pour Jackson C. Frank quelqu'un retrouvera peut-être d'éventuels enregistrements.
Merci à Steve Satterwhite.



                                              www.newtexrecords.net

mercredi 6 février 2013

MUSIQUE. Psychopharmaka. Rodolphe BURGER. Olivier CADIOT. ( Dernière Bande Music).

Après Welche, On n'est pas des indiens, c'est dommage et Hôtel Robinson, Rodolphe Burger et Olivier Cadiot nous emmènent sur les routes de Suisse et d'Allemagne pour un hommage à la richesse phonique de la langue allemande trop souvent jugée à l'aune de mauvais souvenirs. Au fil du disque les deux sculpteurs de sons convoquent Celan, Nietzsche, Kaspar Hauser, Brahms, Schubert mais aussi Kraftwerk et les nombreux anonymes rencontrés lors de leurs pérégrinations. Le parcours qu'ils nous proposent est aussi surprenant qu'inventif. Les deux complices ont une idée bien à eux de l' Allemagne et de son apport culturel. Ils font se côtoyer rock, electro et musique dite "classique", poètes, peintres et philosophes, assoient à la même table les vivants et les morts par la magie des samples et les collages de sons.
Mais tout cela ne doit pas effrayer l'auditeur qui veut simplement écouter de la musique, les références de Burger et de Cadiot ont justement pour principal objectif la musique, la voix et la guitare de Rodolphe sont toujours au rendez-vous et les musiciens Julien Perraudeau (claviers) et Alberto Malo (batterie) ne chôment pas! Vous pouvez écouter le premier morceau de l'album sur le site


samedi 2 février 2013

PEINTURE. LERMITE.

Le deuxième jour de l'année 1920 naît à Le Locle (Suisse) Jean-Pierre Schmid. A 18 ans, il entre à l'école d' Art de Bienne où il restera jusqu'en 1940. Il découvre la peinture de Paul Klee, Kandinski,celle des peintres du Blaue Reiter et de la Brücke. Plus tard il sera un admirateur de Munch et de Ensor.
Il travaille d'abord comme peintre en bâtiment et décorateur de théâtre avant de s'installer à Saignelégier, à quelques pas de la frontière française. Il rêve de gagner Paris mais la guerre l'en empêche. Il se lie avec le peintre Coghuf. En 1947 il vit en ermite à l'écart du village de La Brévine. Il adopte le surnom que lui donnent les villageois et devient Lermite. Après son mariage (1950), il fait un séjour à Paris puis à Florence,et déménage dans une ferme au- dessus du village des Bayards (Jura Neuchâtellois). Il peint sans cesse ce et ceux qui l'entourent. En 1958 il voyage au Danemark et en Espagne et se met à la lithographie.  Curieux de tout ce qui concerne la peinture et les Arts graphiques, il crée des vitraux , exécute des décors muraux, travaille en noir et blanc, grave et invente sa technique de la gouache rehaussée de craie. Il meurt aux Bayards le premier jour de l'année 1977. 
Profondément enraciné dans son vallon jurassien  , entouré de nature et de silence, Lermite, néanmoins, s'inscrit curieusement dans le langage pictural de son époque même si sa forte personnalité l'empêchera d' intégrer vraiment un quelconque mouvement en vogue. Ses motifs de prédilection, les paysages, les villages environnants, les pare-neige, les chasse- neige, les citernes, les chars à fumier ou les intérieurs des ateliers d'horlogers, il les peint à sa manière, utilisant la géométrie, épurant le dessin pour n'en garder que l'essentiel, organisant l'espace de façon magistrale tout en y insufflant une belle poésie.
Il réussit à partir d'un univers qui pourrait sembler réduit, à donner à son oeuvre une dimension cosmique et universelle.
On comprend mal pourquoi un tel artiste n'est connu que d'un nombre restreint d'"initiés". Il faut dire que la quasi-totalité des oeuvres graphiques de Lermite est cantonnée au Musée des Beaux-Arts de Le Locle et que les derniers livres sont sortis dans les années 70 et n'ont, à notre connaissance, jamais été réédités. Espérons que ce purgatoire sera de courte durée.
On peut voir un échantillon du travail de Lermite en cliquant sur le lien suivant :
www.amecouleur.ch/galerie-art...peinture.../lermite_122.php
et lire un entretien avec un de ses modèles sur
www.les-bayards.com/lermite.htm
Le cinéaste suisse Marcel Schüpbach a tourné un excellent documentaire sur son compatriote en 1979, ce court métrage est une belle façon de faire connaissance avec Lermite et sa région. En mettant en parallèle les paysages jurassiens d'une beauté austère et les oeuvres qu' ils ont inspirées au peintre, le réalisateur nous fait entrer de plain-pied dans son univers. Ce documentaire est vendu sous forme d'un double DVD qui contient deux  fictions de Schüpbach, L'allègement et Les agneaux qui ont été tournés dans le Jura. Le prix n'est pas prohibitif puisque le tout coûte moins de dix euros.