samedi 2 février 2013

PEINTURE. LERMITE.

Le deuxième jour de l'année 1920 naît à Le Locle (Suisse) Jean-Pierre Schmid. A 18 ans, il entre à l'école d' Art de Bienne où il restera jusqu'en 1940. Il découvre la peinture de Paul Klee, Kandinski,celle des peintres du Blaue Reiter et de la Brücke. Plus tard il sera un admirateur de Munch et de Ensor.
Il travaille d'abord comme peintre en bâtiment et décorateur de théâtre avant de s'installer à Saignelégier, à quelques pas de la frontière française. Il rêve de gagner Paris mais la guerre l'en empêche. Il se lie avec le peintre Coghuf. En 1947 il vit en ermite à l'écart du village de La Brévine. Il adopte le surnom que lui donnent les villageois et devient Lermite. Après son mariage (1950), il fait un séjour à Paris puis à Florence,et déménage dans une ferme au- dessus du village des Bayards (Jura Neuchâtellois). Il peint sans cesse ce et ceux qui l'entourent. En 1958 il voyage au Danemark et en Espagne et se met à la lithographie.  Curieux de tout ce qui concerne la peinture et les Arts graphiques, il crée des vitraux , exécute des décors muraux, travaille en noir et blanc, grave et invente sa technique de la gouache rehaussée de craie. Il meurt aux Bayards le premier jour de l'année 1977. 
Profondément enraciné dans son vallon jurassien  , entouré de nature et de silence, Lermite, néanmoins, s'inscrit curieusement dans le langage pictural de son époque même si sa forte personnalité l'empêchera d' intégrer vraiment un quelconque mouvement en vogue. Ses motifs de prédilection, les paysages, les villages environnants, les pare-neige, les chasse- neige, les citernes, les chars à fumier ou les intérieurs des ateliers d'horlogers, il les peint à sa manière, utilisant la géométrie, épurant le dessin pour n'en garder que l'essentiel, organisant l'espace de façon magistrale tout en y insufflant une belle poésie.
Il réussit à partir d'un univers qui pourrait sembler réduit, à donner à son oeuvre une dimension cosmique et universelle.
On comprend mal pourquoi un tel artiste n'est connu que d'un nombre restreint d'"initiés". Il faut dire que la quasi-totalité des oeuvres graphiques de Lermite est cantonnée au Musée des Beaux-Arts de Le Locle et que les derniers livres sont sortis dans les années 70 et n'ont, à notre connaissance, jamais été réédités. Espérons que ce purgatoire sera de courte durée.
On peut voir un échantillon du travail de Lermite en cliquant sur le lien suivant :
www.amecouleur.ch/galerie-art...peinture.../lermite_122.php
et lire un entretien avec un de ses modèles sur
www.les-bayards.com/lermite.htm
Le cinéaste suisse Marcel Schüpbach a tourné un excellent documentaire sur son compatriote en 1979, ce court métrage est une belle façon de faire connaissance avec Lermite et sa région. En mettant en parallèle les paysages jurassiens d'une beauté austère et les oeuvres qu' ils ont inspirées au peintre, le réalisateur nous fait entrer de plain-pied dans son univers. Ce documentaire est vendu sous forme d'un double DVD qui contient deux  fictions de Schüpbach, L'allègement et Les agneaux qui ont été tournés dans le Jura. Le prix n'est pas prohibitif puisque le tout coûte moins de dix euros.

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