mardi 13 août 2013

ESSAI. Le mirage du gaz de schiste. Thomas PORCHER. (Max milo).


Ce petit livre va au-delà de l'essai, il met en garde les citoyens abusés par l'argumentation économique de ceux qui ne pensent qu'à faire de l'argent avec les ressources naturelles en méprisant l'environnement. Thomas Porcher, Docteur en économie, spécialiste du pétrole et chargé de cours à l'université Paris-Descartes, a décidé de rester sur le terrain économique et reprend point par point cette argumentation pour démontrer que le gaz de schiste est aussi dangereux économiquement qu'écologiquement. S'appuyant sur l'exemple américain, il nous prouve que ceux qui ont intérêt à défendre l'exploitation de ce gaz ne savent pas mieux réfléchir que compter... ou qu'ils nous mentent effrontément. Qu'il s'agisse des spéculations sur la création d'emplois, de la baisse éventuelle du prix du gaz et du pétrole, du gain de  compétitivité pour l'industrie, de l'indépendance énergétique... tout cela ne tient pas à l'analyse et reflète le cynisme ou les mauvais calculs des producteurs pétroliers et de ceux qui les protègent, que ce soit l'un ou l'autre, ce n'est guère rassurant.
Un livre à lire et à faire lire d'urgence, le débat en Europe a déjà commencé.
 
   
Nous avons dû supprimer la vidéo de l'interview de Thomas Porcher,la chaîne de télévision réclamant  ses droits d'auteur. Le gaz de schiste serait-il encore plus dangereux que nous le pensions? Laissez tomber la télé et procurez-vous le bouquin, il ne vaut pas 5 euros!

mercredi 7 août 2013

MUSIQUE. . J.J. CALE.



J.J. Cale nous a quittés le 26 juillet. Homme et artiste hors norme, John Weldon Cale né dans l'Oklahoma en 1938 grandit à Tulsa dans une famille modeste. Dès  son adolescence il rêve de vivre de la musique. A l'âge de 17 ans il commence à jouer dans les clubs locaux. Il enregistre son premier single à l'âge de 20 ans. Deux autres suivront sous le nom de Johnny Cale Quintet. Il joue avec Leon Russel, puis, en 1967 fait partie du groupe Leather Coated Minds qui sortira un unique album. En 1970, Eric Clapton reprend  dans son premier album solo " After Midnight", une face B d'un single enregistré par J.J.Cale en 1965. La chanson deviendra un succès. Devant l'engouement suscité par ce titre, son ami et manager Audie Ashworth l'encourage à enregistrer un album. Ce sera "Naturally" (1971), le premier des 16 albums studio qu'il enregistrera durant sa carrière. Ne désirant pas devenir une star, notre homme est très heureux de voir Clapton, Johnny Cash, Captain Beefheart, Lynyrd Skynyrd et quantité d'autres musiciens piocher dans son répertoire. Les royalties qu'il reçoit lui permettent une grande liberté tant dans sa vie quotidienne que dans sa musique. Il ne joue que pour le plaisir, évite les tournées pour lesquelles il faut prendre l'avion (qui lui fait  peur ), ne donne des interviews qu'au compte-gouttes, refuse de jouer dans des lieux trop grands, enregistre dans son propre studio, produit  ses disques seul etc. Il devient vite l'anti-héros du rock à tel point que ses chansons sont  plus connues que lui et sont même souvent attribuées à d'autres comme la célèbre "Cocaine". Après six albums , il quitte la ville et part vivre dans une caravane en Californie... sans téléphone! Il finira par s'installer dans une ferme à San Diego avec sa compagne et ses animaux. 
Sa musique est à son image, libre et attachante. En 1993, il confiait au magazine Guitare et Claviers: " Si enregistrer des disques m'amuse et que j'aime la musique, il y a toute une part de business qui me fatigue profondément". Il avait préalablement confié à Guitar World: "Je ne considère pas la musique comme un métier, on ne peut en parler qu'en terme de plaisir." Son country-rock teinté de blues, de jazz et de soul chanté d'une voix nonchalante et accompagné d'une guitare décontractée a donné naissance au "Tulsa Sound". Neil Young le tenait pour l'un des meilleurs guitaristes de rock avec Jimi Hendrix et l'a invité à tenir la guitare électrique pour l'album "Comes a Time".
Nous vous conseillons "J.J. Cale Live" tout d'abord parce que l'énergumène n'acceptait pas facilement de sortir de chez lui, ensuite parce qu'il est brillament accompagné, et enfin parce que les chansons sont superbement interprétées. De plus c'est le seul live sorti durant les trente premières années de carrière du bonhomme. Quant à "Naturally", il contient l'essence de tous les albums du  regretté troubadour.
 http://jjcale.com/top.html
http://www.jjcale.org/


jeudi 1 août 2013

PEINTURE. Auguste POINTELIN. Musée d'art, hôtel Sarret de Grozon à Arbois et Mairie de Mont-sous- Vaudrey (39). Jusqu'au 15 septembre 2013.

  Né en 1839 à Arbois  (Jura français), Auguste Emmanuel Pointelin est scolarisé au collège de la ville où il se distingue déjà en cours de dessin. Bon élève, il continue ses études et obtient une licence de mathématiques à Lille en 1863. Parallèlement, il s''est mis sérieusement à peindre. Pendant plus de deux ans, de 1867 à 1870, il quitte la France et vit en Moldavie. Il envoie néanmoins des tableaux au Salon des Artistes Français. En 1870, il devient professeur de maths et est nommé dans le Nord de la France où il enseigne jusqu'en 1876, année où il est nommé à Paris. Mais si les maths l'intéressent, sa passion reste avant tout la peinture. Il peint la plupart du temps d'après ses souvenirs du Jura. Louis Pasteur, originaire lui-aussi d'Arbois est l'un de ses premiers admirateurs. Entre 1807 et 1891, c'est un autre jurassien qui est Président de la République, il s'agit de Jules Grévy, né à Mont-sous-Vaudrey. Il transmet des commandes officielles à Pointelin pour les visiteurs de l'Elysée. Le peintre connaît alors une certaine renommée à l'étranger, notamment en Angleterre. En 1897, le professeur fait valoir ses droits à la retraite. Il a 58 ans. Il se retire à Mont-sous-Vaudrey où il peut enfin se consacrer entièrement à son art. Il mourra dans ce village en 1933, à l'âge de 93 ans.
Malgré des expositions à Anvers, Londres,Stockholm, au Japon ou aux États Unis, il ne connaîtra jamais une véritable notoriété. Très indépendant, il ne s'occupait ni des modes ni des goûts du public et il ne rejoindra aucune école, préférant creuser son sillon en solitaire.
Sa peinture sombre (certains critiques l'appelleront le peintre du crépuscule) n'a rien de décoratif. Il ne peindra jamais que les paysages austères de son Jura natal, désertés de toute présence humaine et éclairés par la lumière fugitive d'un soleil la plupart du temps déjà disparu derrière un horizon dénudé. Sa palette est d'une rare sobriété, presque minimaliste. Il ne jouera qu'avec le noir, le blanc, les ocres et les verts profonds. Quelques nuances bleutées allument parfois avec parcimonie les ciels plombés et les lointains brumeux. Chaque oeuvre est baignée d'une grave sérénité qui amène le spectateur à se confronter à sa propre solitude devant la nature. L'oeuvre de Pointelin a quelque chose de mystique sous des dehors naturalistes, c'est une peinture de recueillement et de silence.
Mais on ne peut pas parler de cet artiste sans parler de deux techniques qu'il a quasiment réhabilitées: le fusain et le pastels. Ce ne sont jamais de simples études mais des oeuvres
 à part entière qui ont occupé une grande place dans ses recherches. Contrairement à ses peintures qui donnent une impression de calme et de solidité, les oeuvres sur papier dégagent une grande énergie et la lumière semble vibrer. Le médium et le geste différent privilégient une relative explosion de la couleur et donnent naissance à d'autres paysages plus mouvementés, parfois à la limite du fantastique.
Pointelin s'est attaché toute sa vie à percer le mystère d'une région, sa beauté sans artifices et son éternité.
Les expositions de ce peintre sont hélas trop rares et nous remercions le musée d'art d'Arbois de nous offrir un tel cadeau. Nul doute que Pointelin finira par sortir du purgatoire des peintres et sera un jour estimé à sa juste valeur.
Il est possible de visionner quelques tableaux sur le site suivant: