mercredi 25 décembre 2013

MUSIQUE. Live from KCRW. NICK CAVE & THE BAD SEEDS. (Pias).



Nick Cave est décidément en très grande forme! Entre deux dates de la tournée Push the sky away, il est passé par les studios de la radio californienne KCRW avec un groupe restreint, cinq musiciens au lieu des huit participant à cette tournée, devant un public de 180 chanceux. Le nombre réduit de musiciens permet d'entendre des versions plus épurées de quatre titres de Push the sky away et de quelques classiques de sa  longue checklist. Une énorme émotion se dégage de cet album qui est beaucoup plus qu'un simple "live". Les chansons, qui n'en manquaient pourtant pas, trouvent encore une nouvelle force. Le son feutré, les duos piano-violon, la voix profonde, font de ce disque un petit chef-d'oeuvre de rock crépusculaire et parfois inquiétant. Du très grand Nick Cave.

                                                  www.nickcave.com

dimanche 22 décembre 2013

MUSIQUE. Live at The Cellar Door. NEIL YOUNG. (Warner Bros).



Neil Young continue à fouiller dans ses archives pour notre plus grand plaisir. Les douze chansons de ce disque enregistré en public fin 1970 à Washington, quelques mois après la séparation de Crosby, Still, Nash et Young, deviendront presque toutes des classiques. Seul avec sa guitare et un piano, Neil Young donne la mesure de son immense talent. Le dépouillement, le son brut et chaleureux ajoutent encore à l'émotion de ces titres qui sortiront, pour certains, quelques années plus tard sur le mythique Harvest et le sombre On the beach. Les versions en acoustique de morceaux que l'on ne connaissait qu'orchestrés font de ce live un album à part entière. Et quel album!




mercredi 4 décembre 2013

LITTERATURE. ARNO CAMENISCH. (Editions d''En bas).

Arno Camenisch et Camille Luscher
Photo Patricia Coignard
Arno Camenisch est un jeune auteur suisse né en 1978 à Tavasana dans les Grisons. Auteur de prose, de poésie et de théâtre, il écrit en allemand et en sursilvan. Deux de ses livres ont été traduits en français: Sez Ner  (2009) et Derrière la gare (2010) qui sont les deux premiers volumes de sa trilogie dite "des Grisons".
Le titre du premier est le nom d'un pic de la montagne grisonne. Il est fait d'une suite d'esquisses sur la vie des travailleurs à l'alpage: bergers, fromagers ou porchers. Cette vie, Arno Camenisch la connaît bien puisqu'il l'a vécue enfant durant quatre étés. On est loin ici des éternels clichés sur la Suisse et ses habitants. Les récits sont à la fois ironiques et poétiques mais surtout d'une rare justesse due au regard aigu de l'auteur. On ne tombe jamais dans un folklore gentillet, la galerie de portraits, si elle n'exclut pas une certaine tendresse, n'est pas complaisante et les paysages ne sont pas ceux montrés sur les boîtes de chocolat. La montagne de Camenisch ressemble à celle de Ramuz, belle mais parfois inquiétante. L'antagonisme entre les gens du cru et les visiteurs est souvent présent. Là non plus les clichés ne sont pas de mise, il s'agit pour l'auteur de montrer les difficultés qui naissent entre le monde traditionnel des paysans qui disparaît, et un monde moderne avec ses passe-temps idiots, ses voitures, ses projets d'hôtels pour touristes qui méprisent ou  au contraire magnifient des paysages et un mode de vie qu'ils ne connaissent pas. La version trilingue: allemand, sursilvan et français, les trois  langues étant présentes sur chaque page, donne la sensation d'être au coeur  d'une  culture trop mal connue.
Derrière la gare est une suite d' instants de vie d'un petit village perdu dans la montagne, racontés par un jeune garçon aux yeux bien ouverts sur son univers . Avec fraîcheur, humour et poésie, il observe le monde des adultes d'un regard pénétrant et sensible qui va directement à l'essentiel et dont la naïveté, paradoxalement, prend la forme d'une extrême lucidité. Il n'y a pas de place pour l'anecdotique,  le gamin est immergé dans ce monde qui est le sien, parfois ennuyeux, parfois drôle et parfois cruel. Il y côtoie la naissance, la souffrance, la maladie, les déchirements et la mort. Si on excepte Les terres froides d'Yves Bichet (Editions Fayard), rarement un livre aura su aussi bien faire vivre le monde de l'enfance.
La traductrice, Camille Luscher, n'est pas étrangère à la réussite de ce petit chef- d'oeuvre. Elle a su recréer la langue avec ses mots inventés, ses libertés orthographiques, ses néologismes enfantins et le mélange des mots français, romanches ou italiens. Elle a participé à une nouvelle écriture du livre pour en faire un texte d'une belle musicalité, proche de l'oralité. 
www.arnocamenisch.ch
www.enbas.ch